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"Pollution" d’écrans d’ordinateurs rejetés par la mer sur une plage de Hong Kong, en 2006. Les innovations technologiques incessantes rendent rapidement obsolètes les appareils numériques, posant le problème de leur démantèlement.

Les nouvelles technologies, voraces en énergie et en minerais, accentuent les risques environnementaux. Une solution : restreindre l’intelligence artificielle à des usages essentiels. Extrait du hors-série de Sciences et Avenir 199 daté octobre-novembre 2019.

Et si le remède était pire que le mal ? L’adage semble incongru face aux brillantes promesses de l’intelligence artificielle (IA) en matière d’environnement, qui ont convaincu par exemple le député Cédric Villani : dans son rapport sur l’IA publié en mars 2018, il leur consacre une partie entière. Comprendre la dynamique des écosystèmes, optimiser la gestion des ressources, diminuer la consommation énergétique : l’IA permettrait de révolutionner notre société dans un sens durable, jusqu’à sauver la planète. Mais le jeu en vaut-il la chandelle ?

"Cette empreinte va doubler entre 2010 et 2025 !"

Car le numérique a bel et bien une existence physique… et des conséquences écologiques certaines. "Derrière le "deep learning" et ses applications, il y a des objets qu’il va falloir fabriquer et qui seront jetés en fin de course", résume Françoise Berthoud, ingénieure de recherche au CNRS. Dans une étude à paraître sur l’empreinte du numérique, Green IT, un site pionnier sur le numérique responsable, l’évalue à 4,2 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre pour 2018. "C’est au moins deux fois plus que le transport aérien, et cette empreinte va doubler entre 2010 et 2025 !", s’alarme Frédéric Bordage, fondateur de Green IT. Les centres informatiques comptent pour 10 %, les réseaux 20 % et les utilisateurs 70 %. "Ce sont donc nos smartphones, ordinateurs, télévisions connectées - et en particulier leur fabrication et leur fin de vie - qui ont le plus fort impact." Green IT établit à environ 30 milliards le nombre de terminaux utilisateurs dans le monde, dont 15 milliards d’objets connectés. Les serveurs, eux, qui abritent les calculs, ne sont "que" 62 millions. "Le développement de l’IA entraînera l’obsolescence de très nombreux terminaux, pas assez puissants pour tirer parti des nouvelles applications", précise Frédéric Bordage. Autrement dit, il va falloir pomper les derniers minerais disponibles sur la Terre à l’aide de quantités colossales d’énergie, afin de fabriquer des objets connectés qui permettront aux gens d’obtenir des informations pour… économiser l’électricité chez eux.

Le trait semble exagéré. Et pourtant. "Les promoteurs de ces nouvelles technologies sont souvent prompts à souligner que les gains environnementaux seront supérieurs aux impacts négatifs, explique Mathieu Saujot, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI). Confrontées au monde réel, ces promesses sont pourtant rarement tenues." Le chercheur a ainsi planché sur la mobilité. "Pour déployer des véhicules autonomes, il faudra toujours plus de routes en bon état et de panneaux visibles partout, des points pour l’instant négligés. Et rien n’indique qu’un modèle plus vertueux de déplacement sortira de ces avancées technologiques."

https://www.sciencesetavenir.fr/high-tech/intelligence-artificielle/l-ia-et-nous-environnement-le-numerique-met-il-la-planete-en-danger_137671

 

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