Écrans et développement cognitif de l'enfant

C’est un sujet qui anime beaucoup de débats et il y a trois camps, les "pro", les "anti" et la science. On va se placer tous ensemble dans ce troisième camp en laissant de côté nos émotions et nos aprioris. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il y a plusieurs limites à l’étude des effets des écrans. D’abord, on a encore assez peu de recul : les smartphones ne font partie intégrante de nos vies que depuis une quinzaine d’années, ce qui est assez court pour la recherche. Pour l’instant, on sait que certains programmes éducatifs peuvent aider à l’acquisition de vocabulaire par exemple, mais qu’ils sont loin d’être répandus. Et d’un autre côté, bien que les données manquent, si l’effet sur la cognition des adultes ou des enfants était extraordinairement fort, pour le dire vite, nous l’aurions vu.

Une science sans expérimentation possible

C'est la dernière limite et une de taille : on ne peut pas enfermer des milliers d'enfants et les faire regarder des écrans pour débusquer un potentiel effet sur leur santé et leur développement - éthiquement déjà, ce n’est pas possible et même techniquement, ce serait compliqué. Alors pour tenter d’évaluer les effets des écrans, on utilise des recherches épidémiologiques sur le temps long, où l’on va suivre des enfants dès leur premier instant de vie, et en France c’est la cohorte ELFE qui fait ça. 18 000 enfants sont suivis depuis leur naissance en 2011, et leur développement cognitif a été évalué à trois âges et comparé à leur temps d’écrans, que ce soit télévision, smartphone, ordinateur, tablettes ou console de jeux vidéo.