Je suis de cette génération qu’on appelle « millennial », né en 1982, bercé par le souffle de la révolution numérique. Je me souviens encore de l’émerveillement que j’ai ressenti en découvrant l’ordinateur familial, les modems 56k, les disquettes, puis les CD-ROM. Ces technologies, aujourd’hui considérées comme obsolètes, étaient pour moi des portes ouvertes sur un monde infini de possibilités. Quand je suis entré dans la vie active en 2002, Internet était en train de devenir une colonne vertébrale planétaire, reliant les gens et les informations d’une manière jamais vue auparavant.
C’est en 2004, alors que je travaillais chez mes premiers clients, que j’ai commencé à poser les premières pierres d’un numérique plus sobre. Je récupérais des PC déclarés "hors d’usage". À l’époque, ce n’était pas pour une cause environnementale, mais simplement par bon sens paysan, comme disaient mes clients. Ces machines n’étaient pas mortes, juste obsolètes pour les normes de productivité du moment. Alors je les démontais, je les réparais, je les reconditionnais, et je les donnais à des associations, des proches, de la famille.
Je ne savais pas encore que des années plus tard, on appellerait cela du réemploi, et qu’on y verrait un levier écologique stratégique. Moi, je voyais juste de la valeur à ne pas gaspiller. Chaque ordinateur que je reconditionnais était une petite victoire, une manière de donner une seconde vie à des machines qui avaient encore tant à offrir.
En 2006, j'ai rejoint la Jeune Chambre Internationale de Dublin, devenant un citoyen engagé et entreprenant à travers la création de projets répondant aux besoins du territoire. Ce mouvement permet aux jeunes de 18 à 40 ans de se former à la prise de responsabilité via l’entrepreneuriat, la gestion de projets, la prise de parole en public, le leadership, etc. Malgré de nombreux déménagements, j’ai rejoint les antennes locales de Tours, Paris, Paris Ouest La Défense et Caen jusqu’à mes 40 ans.
En 2007, j'ai rejoint Dell à Dublin, une étape qui allait profondément influencer ma perception du monde numérique. C'est là-bas que j'ai découvert la directive RoHS (Restriction of Hazardous Substances), une réglementation européenne visant à interdire l'usage de certaines substances dangereuses dans les équipements électroniques. Cette prise de conscience a été un choc discret, mais fondateur.
La directive RoHS a été un véritable révélateur pour moi. Pour la première fois, j'ai commencé à voir le numérique non plus comme une abstraction, mais comme un objet industriel tangible, fait de métaux, d'énergie, et parfois même de souffrance. J'ai réalisé que chaque composant électronique avait un impact environnemental et social, et que notre responsabilité en tant que professionnels de l'informatique allait bien au-delà de la simple performance technique.
C'est également à cette époque que j'ai commencé à lire les premiers articles sur le Green IT. Le concept de technologies respectueuses de l'environnement m'a immédiatement captivé. Je ressentais un mélange d'excitation et de frustration : j'étais enthousiaste à l'idée de contribuer à un avenir plus durable, mais je ne savais pas encore comment ni où commencer.
En 2010, de retour en France avec un désir profond de contribuer à un avenir plus durable, j'ai décidé de me lancer à mon compte. Mon idée était de proposer aux entreprises des services pour réduire leur empreinte numérique. Cependant, le marché n'était pas encore mûr pour cette idée. Les entreprises étaient encore largement focalisées sur la performance économique et technologique, et les préoccupations environnementales étaient souvent reléguées au second plan. J'ai fait face à l'incompréhension et à des clients dubitatifs. Beaucoup ne voyaient pas l'intérêt de réduire leur empreinte numérique, et encore moins l'urgence de le faire.
Je me sentais en décalage avec le monde professionnel qui m'entourait. Mes valeurs et mes convictions semblaient en avance sur leur temps, et je me suis souvent senti isolé dans ma quête de sens et de durabilité. Malgré mes efforts pour sensibiliser et convaincre, j'ai réalisé que le moment n'était pas encore venu pour cette idée.
Face à ces défis, j'ai finalement décidé de plier boutique et de retourner aux postes traditionnels de chef de projet IT. J'ai travaillé auprès de grands comptes via des Sociétés de Services en Ingénierie Informatique (SSII). Ces expériences m'ont permis de rester connecté au monde de l'informatique et de continuer à développer mes compétences et mes connaissances.
Cependant, au fond de moi, quelque chose avait changé. La graine de la durabilité et de la responsabilité environnementale avait germé, et elle attendait son heure. Malgré les défis et les déceptions de cette première tentative, je savais que cette idée était juste et nécessaire. Je savais que le moment viendrait où les entreprises et la société dans son ensemble reconnaîtraient l'importance de réduire notre empreinte numérique.
En 2017, j'ai pris un virage décisif dans ma carrière et ma vie personnelle. Après des années de réflexion et d'expérimentation, j'ai décidé de ne plus opposer mes compétences techniques à mes convictions profondes. J'avais besoin d'un espace où je pouvais réunir ces deux forces, où je pouvais allier mon expertise en informatique à mon engagement pour un avenir plus durable et éthique. C'est ainsi qu'est née Asvola, une structure qui incarne tout ce que je veux défendre : un numérique durable, sobre, éthique, au service du vivant.
En 2017, l’antenne française du World Cleanup Day a été lancée grâce à l'initiative de Julien Pilette, Anna Gril, et Virginie Delugeard, ma compagne d'alors et mère de mes enfants. Ensemble, ils ont importé d'Estonie un mouvement planétaire visant à organiser des ramassages de déchets dans la nature. Ce mouvement, né d'une idée simple mais puissante, a rapidement pris de l'ampleur et a inspiré des milliers de personnes à travers le monde.
J'ai contribué à la mise en place et l’évolution de leur système d’information et j'ai été témoin de la manière dont une action symbolique et collective pouvait créer une transformation culturelle. Voir des milliers de personnes se rassembler pour nettoyer les plages, les forêts et les parcs a été une source d'inspiration et d'espoir. Cela m'a montré le pouvoir de l'action collective et la capacité des individus à faire une différence lorsqu'ils se rassemblent pour une cause commune.
C'est en observant ce mouvement que l'étincelle s'est produite. Je me suis demandé : et si on adaptait cette mobilisation au monde numérique ? L'idée de nettoyer nos données comme on nettoie les plages m'est apparue comme une évidence. Le parallèle était limpide : tout comme les déchets physiques polluent notre environnement, les données inutiles et obsolètes encombrent nos systèmes et ont un impact environnemental.
Il ne restait plus qu'à faire le pont entre ces deux mondes. J'ai commencé à réfléchir à la manière dont nous pourrions organiser des actions de nettoyage numérique, sensibiliser les entreprises et les particuliers à l'importance de la sobriété numérique, et promouvoir des pratiques plus durables dans l'utilisation des technologies. L'idée était de créer un mouvement similaire au World Cleanup Day, mais axé sur le nettoyage et l'optimisation des données numériques.
Cette réflexion a donné naissance à une nouvelle initiative : le Cyber World CleanUp Day pour nettoyer le CyberEspace. Le nom "Cyber World CleanUp Day" était également un clin d'œil ironique au Black Friday et à son pendant numérique, le Cyber Monday. Ces journées, marquées par une consommation effrénée et une augmentation significative des transactions en ligne, sont souvent synonymes de gaspillage et de surconsommation. En organisant le Cyber World CleanUp Day juste après le World Cleanup Day, je voulais rappeler l'importance de la sobriété numérique et encourager les entreprises et les particuliers à adopter des pratiques plus responsables, en contraste avec la frénésie consumériste de ces événements commerciaux.
En janvier 2020, j'ai décidé de proposer une idée audacieuse au bureau du World Cleanup Day France, qui venait d'élire sa nouvelle présidente, Virginie Delugeard. L'objectif était de créer une édition numérique de la journée, une initiative visant à sensibiliser les gens à l'impact environnemental des données numériques et à promouvoir des pratiques plus durables dans l'utilisation des technologies. J'étais convaincu que cette initiative pouvait compléter les efforts existants pour nettoyer les déchets physiques et étendre la portée du mouvement à un domaine souvent négligé mais tout aussi crucial.
Cependant, malgré l'enthousiasme de Virginie pour les nouvelles initiatives, l'idée a été accueillie avec politesse, mais sans grand enthousiasme par le reste du bureau. Les membres ont trouvé le concept trop technique et trop flou. Leur principal objectif restait concentré sur les déchets sauvages dans la nature, et ils ne voulaient pas se disperser en explorant de nouvelles avenues. Je comprenais leur position, mais je ne pouvais m'empêcher de ressentir une certaine déception. Peut-être que l'idée était simplement en avance sur son temps, et que le monde n'était pas encore prêt à reconnaître l'importance de la sobriété numérique.
Ce refus a été un moment de doute et de solitude pour moi. J'avais cru en cette idée et en son potentiel pour faire une différence, mais je me sentais maintenant isolé dans ma quête. Cependant, malgré ces doutes, Virginie m'a encouragé en me disant que le projet avait probablement un avenir et que je pouvais lancer l'initiative sans eux.
Malgré ce revers, j'ai décidé de ne pas abandonner. J'ai continué à croire en l'importance de la sobriété numérique et à chercher des moyens de promouvoir cette idée. Je savais que le monde évoluait rapidement et que la prise de conscience de l'impact environnemental des technologies grandissait. Il était seulement une question de temps avant que les autres ne voient la valeur de cette initiative.
Encouragé par les mots de Virginie, j'ai décidé de prendre les choses en main. Début février 2020, j'ai réservé les noms de domaine nécessaires pour me lancer seul dans cette aventure. Je savais que je devais continuer à travailler dur, à sensibiliser les gens et à promouvoir des pratiques plus durables. Chaque petit pas était une victoire, et chaque effort comptait. Je savais que le moment viendrait où cette idée serait reconnue et adoptée, et où nous pourrions faire une différence significative dans la réduction de l'impact environnemental des technologies
Quelques jours plus tard, le destin a placé Vincent Courboulay sur mon chemin. Cette rencontre s'est produite dans le cadre de la formation Label Numérique Responsable. Vincent, un acteur clé en tant que co-fondateur de l'Institut du Numérique Responsable (INR), portait une idée similaire à la mienne, baptisée « Nettoyons nos données ». L'univers semblait m'envoyer un allié, et cette rencontre allait s'avérer décisive.
Vincent Courboulay et moi partagions une vision commune : celle de promouvoir un numérique plus responsable et plus sobre. Nos idées se complétaient parfaitement, et nous avons rapidement réalisé que nous pouvions accomplir davantage ensemble. Cette rencontre a marqué le début d'une collaboration fructueuse, qui allait donner naissance à une initiative majeure.
En mars 2020, la pandémie a contraint la planète entière à rester chez elle. Les nettoyages de rue et les événements physiques ont été annulés, mais l'esprit du World Cleanup Day (WCD) est resté intact. Face à cette nouvelle réalité, le WCD a proposé à ses adhérents de nettoyer leurs données. Cette idée a été bien accueillie et a permis de convaincre définitivement le bureau du WCD de l'importance de cette initiative.
Le 22 avril 2020, j'ai organisé la première réunion entre le WCD et l'INR. Cette réunion a marqué la naissance officielle du Cyber World CleanUp Day (CyberWCUD). Avec l’équipe salariée de l’INR, nous avons lancé les premiers outils, webinaires, fiches pratiques et kits de communication. Grâce à la plateforme cyberworldcleanupday.fr, nous avons commencé à diffuser notre message et à sensibiliser un public de plus en plus large.
Ensemble, nous avons fusionné nos idées et nos forces. L'INR a apporté son expertise numérique, tandis que le World Cleanup Day a mis à profit sa capacité à mobiliser et à rassembler les gens autour d'une cause commune. Vincent ayant d’autres engagements au sein de l’INR et ne pouvant accorder que très peu de temps à cette initiative, j'ai naturellement pris le rôle de chef de projet, devenant ainsi le tisseur de liens entre deux mondes : celui des militants de la sobriété et celui des geeks éclairés.
Il a été décidé que le Cyber World CleanUp Day (CyberWCUD) se tiendrait simultanément avec le World Cleanup Day en septembre 2020. Cette décision stratégique visait à établir un plan B, en prévision des incertitudes liées à l'évolution de la pandémie. Alors que l'association du World Cleanup Day a finalement obtenu, à la dernière minute, les autorisations gouvernementales nécessaires pour organiser des événements physiques malgré les restrictions sanitaires, son engagement envers le CyberWCUD s'en est trouvé limité.
Cependant, cette situation n'a pas empêché le CyberWCUD de voir le jour et de connaître un succès inattendu. Malgré un soutien réduit de la part du WCD, l'événement a pu se dérouler et a même dépassé les attentes initiales.
Le 19 septembre 2020, la première édition du Cyber World CleanUp Day a eu lieu. Malgré les défis posés par la pandémie et le manque de mobilisation initiale, l'événement a été un véritable succès. Cent sept organisateurs se sont mobilisés, organisant plus de 150 actions et sensibilisant plus de 6 500 personnes. Cependant, ce premier pas a également été sujet à de vives critiques de la part de certains experts du numérique et même du Green IT. Certains ont prétendu que nous nous trompions de combat, que c'était une aberration de supprimer des données à l'ère du digital, et que le coût écologique et économique du stockage ne justifiait pas une telle opération et pouvait même être contre-productif.
Hors, ce programme n'est finalement qu'un prétexte pour permettre à chaque utilisateur ou professionnel du numérique, quel que soit son niveau technique, son poste dans l'organisation, son statut social ou ses moyens financiers, de réaliser une action simple et concrète et de comprendre les enjeux du numérique responsable en appuyant sur le bouton supprimer. Même si certaines critiques agressives, voire ciblées envers moi, n'étaient pas agréables à recevoir, la réaction de certaines notoriétés du numérique a permis de montrer à quel point le sujet était d'actualité et probablement à contre-courant d'une caste techno-solutionniste.
Ce projet a permis d'engager le débat sur la sobriété numérique un an avant la sortie de la loi REEN (Réduction de l’Empreinte Environnementale du Numérique) en novembre 2021, montrant ainsi l'importance et la pertinence de notre initiative. Par ailleurs, rappelons que cette loi a été pionnière et qu’en 2025, au moment de l’écriture de ce texte, elle est toujours la seule loi au monde traitant de ce sujet.
Les retours d'expérience ont été variés et inspirants. Des entreprises comme Orange et BPCE ont participé activement, tout comme des collectivités, des écoles et des particuliers. Certains ont inventé des méthodes de nettoyage des réseaux sociaux, tandis que d'autres ont analysé et nettoyé de vieux serveurs oubliés dans les armoires. Chaque action, chaque initiative était une preuve supplémentaire que le monde était prêt à répondre présent et à agir pour un numérique plus propre et plus durable.
L'émotion m'a submergé en voyant l'ampleur de la mobilisation et l'engagement des participants. Le monde répondait présent, et cela dépassait toutes mes espérances. Voir autant de personnes et d'organisations se rassembler pour une cause commune, malgré les défis et les obstacles, a été une source d'inspiration et de motivation. Chaque retour positif, chaque action réussie était une victoire et une preuve que nous étions sur la bonne voie.
Les actions menées lors de cette première édition ont eu des impacts concrets et positifs. Des données ont été nettoyées, des serveurs ont été optimisés, et des pratiques plus durables ont été adoptées. Chaque petit pas était une victoire, et chaque effort comptait. Nous avons vu des changements concrets et des impacts positifs, et cela nous a encouragés à continuer à avancer et à promouvoir un numérique plus durable.
Suite au succès de la première édition du Cyber World CleanUp Day, le projet a commencé à attirer l'attention au-delà des frontières françaises. Plusieurs organisations étrangères ont eu écho de l'initiative et ont manifesté un vif intérêt.
En janvier 2021, j'ai eu l'honneur de présenter le projet lors de la conférence annuelle de Let's Do It World, l'organisation internationale à l'origine du World Cleanup Day. Cette présentation a marqué un tournant décisif pour le Cyber World CleanUp Day. L'Assemblée Générale de Let's Do It World a adopté le projet, et le troisième samedi de mars a été officiellement désigné comme la date de la journée mondiale du nettoyage numérique.
Avec cette adoption, nous avons créé un mouvement mondial. De la maison à la planète, des gigas effacés aux consciences éveillées, le Cyber World CleanUp Day est devenu une initiative internationale, rassemblant des personnes et des organisations autour d'une cause commune : celle d'un numérique plus propre et plus durable. Ce mouvement a transcendé les frontières et les cultures, montrant que la sobriété numérique est une préoccupation universelle.
La deuxième édition du Cyber World CleanUp Day a eu lieu le 19 mars 2021. Le projet a vu l'arrivée de nouvelles ressources bénévoles et de mécènes. Les fiches de l'année précédente ont été réécrites en ajoutant de nouvelles fiches, telles que le nettoyage des réseaux sociaux. Une nouvelle charte graphique et un nouveau logo ont été édités ainsi qu’une refonte du site internet éco-conçu pour être aligné avec les valeurs du projet. Un réseau d’ambassadeurs a été mis en place pour promouvoir le projet dans les territoires.
Les premiers événements de nettoyage numérique internationaux (Italie, Pays-Bas, Maroc) se sont déployés, certains traduisant même la documentation en italien, néerlandais et anglais. Cependant, le court délai entre janvier et mars 2021 n'a pas permis une forte mobilisation des membres du réseau Let’s Do It World. De nombreux pays n'étaient pas encore pleinement conscients des impacts environnementaux du numérique. Malgré cela, l'adoption du projet par Let's Do It World a marqué le début d'une prise de conscience mondiale et a posé les bases pour une mobilisation future plus large et plus impactante.
Pour rappel, selon les chiffres ADEME de l’époque, la fabrication d'un ordinateur de 2 kg nécessite l'extraction de 800 kg de matières premières, tandis qu'un smartphone de 200 g nécessite 200 kg. En outre, une grande quantité d'eau est utilisée dans le processus de fabrication, avec une grande partie des impacts environnementaux ayant lieu pendant cette phase ainsi qu'à la fin de vie des équipements. L'extraction de métaux tels que le lithium, l'or, le cobalt et le cuivre implique la destruction de vastes zones de vie animale et végétale, avec des mines qui peuvent atteindre la taille de 300 terrains de football et une profondeur équivalente à deux tours Eiffel. L'eau utilisée dans l'extraction est souvent rejetée dans la nature sans traitement préalable, ce qui a un impact significatif sur la biodiversité environnante. Les équipements numériques sont rarement recyclés en fin de vie et sont souvent entassés dans des décharges à ciel ouvert, polluant les sols et les cours d'eau. L’empreinte carbone de l’équipement une fois fabriqué est irréductible. En revanche, en allongeant la durée de vie de l’équipement, on contribue à limiter la fabrication de nouveaux équipements. Par exemple, la durée de vie moyenne d’un ordinateur (fixe) étant de six ans, nous économisons le bilan de fabrication de trois ordinateurs à chaque fois que nous prolongeons la durée de vie de plus de deux ans de dix ordinateurs. C’est une économie sur le bilan environnemental de l’équipement d’environ 33 %.
Pour cette seconde édition, ce sont 479 organisateurs inscrits qui ont organisé 500 CyberCleanUp en France et sensibilisé 38 000 participants (chiffres remontés par les organisateurs non extrapolés) et 58 To supprimés. 13 ambassadeurs ont fait la promotion du projet sur leur territoire. La France a réalisé plus de 50 % des données supprimées à échelle mondiale et a été récompensée lors de la conférence annuelle LDIW en janvier 2022. Certains organisateurs ont pris l'initiative de récupérer les DEEE dans le cadre de leur opération de nettoyage des données.
La troisième édition de cet événement a été organisée le 19 mars 2022. Nous y avons intégré la notion de réparation et collecte DEEE pour donner une seconde vie à leurs équipements numériques inutilisés.
L'événement a permis de sensibiliser plus de 430 000 personnes grâce à l'organisation de 1 692 CyberCleanups, ce qui a permis de supprimer 1 927 To (Téra octets) de données numériques, de collecter 2 298 appareils numériques pour les réutiliser et de recycler 5 472 kg de DEEE.
Durant cette troisième édition, il a été décidé que le Cyber World Cleanup Day changerait d'identité et de logo en 2023 pour être officiellement porté à l'international par l'association Let's Do It World. Cette transition visait à faciliter son déploiement mondial tout en utilisant la documentation et l'expertise de l'Institut du Numérique Responsable (INR).
Après trois années d'investissement personnel intense, j'ai tiré ma révérence et passé le flambeau de la gestion. Ce départ a été à la fois un choix et une nécessité. Il était temps pour moi de passer à d'autres projets professionnels et familiaux, mais ce départ a également été précipité par des conflits personnels.
Je me suis investi sans compter pour ce projet, y consacrant jours, nuits et même mes vacances de Noël à la préparation des supports, des webinaires, du site internet, répondant aux sollicitations et accompagnant les bénévoles et salariés du WCD et de l'INR. Peut-être ai-je exercé trop de pression sur moi-même et eu des attentes trop élevées envers certains membres de l'équipe. Peut-être n'ai-je pas su demander de l'aide ou déléguer lorsque c'était nécessaire. Peut-être n'ai-je pas toujours agi dans le bon ordre ou placé mon énergie au bon endroit, au bon moment. Peut-être n'ai-je pas su équilibrer le projet et ma vie familiale. Peu importe les raisons, c'est avec beaucoup d'émotion que je me suis retiré du projet quelques semaines avant le jour J, afin de préserver ma santé et ma famille.
Mon nom n’aura même pas été cité lors de la restitution, mais qu’importe. Ce qui compte vraiment, c'est l'impact que nous avons eu et l'héritage que nous laissons derrière nous. Les personnes engagées de la première heure savent ce que j'ai construit et apporté à ce projet. Elles comprennent la passion et l'énergie que j'ai investies pour faire de cette initiative une réalité tangible et inspirante.
Je sais ce que ce projet m'a apporté. Il m'a offert une perspective nouvelle sur le monde du numérique, une compréhension plus profonde des enjeux environnementaux et sociaux, et une conviction renforcée que chaque action, aussi petite soit-elle, peut faire une différence. Ce projet a été une source d'apprentissage, de croissance personnelle et professionnelle, et surtout, il m'a permis de contribuer à quelque chose de plus grand que moi.
Et plus encore, je sais ce que ce projet apporte au monde. Il sensibilise, éduque et mobilise des milliers de personnes à travers le globe sur l'importance de la sobriété numérique. Il montre que chacun peut jouer un rôle dans la réduction de notre empreinte environnementale, simplement en prenant conscience de l'impact de nos actions numériques et en adoptant des pratiques plus durables.
Ce projet a créé une communauté de personnes engagées, passionnées et déterminées à faire une différence. Il a inspiré des initiatives similaires dans d'autres pays, montrant que l'idée de nettoyer nos données numériques résonne bien au-delà des frontières. Il a ouvert des dialogues, suscité des débats et encouragé des actions concrètes pour un avenir plus durable.
Alors, même si mon nom s’efface avec le temps, je suis fier de ce que nous avons accompli ensemble. Je suis reconnaissant pour les leçons apprises, les rencontres faites et les impacts créés. Et surtout, je suis rempli d'espoir pour l'avenir de ce projet.
Longue vie à ce projet. Puisse-t-il continuer à grandir, à inspirer et à mobiliser. Puisse-t-il continuer à éveiller les consciences et à encourager des actions pour un monde numérique plus propre, plus sobre et plus respectueux de notre planète. Puisse-t-il rappeler à chacun de nous que nous avons le pouvoir et la responsabilité de faire une différence, un clic à la fois.
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